Il faut que je sorte d'ici,
Dit le fou au voleur,
Tout se mélange,
Je suis pris au piège...
By your command…
Aimer passionnément participe du sentiment fou de voir ce qui ne peut être vu, d’entendre ce qui ne peut être entendu, de saisir ce qui ne peut être saisi, de partager ce qui ne peut être partagé. Par d’autres. De percevoir des lumières et des musiques perçues par nous seuls, et jouées pour nous seuls. De voir également au-delà de ce qui est montré, d’entendre au-delà de ce qui est joué. Aimer Battlestar Galactica, au même titre que Blade Runner et Ghost in the shell, procède du même sentiment exclusif. Autrement dit, à chacun son BSG. A chacun son vertige et son frisson. Les nôtres sont aussi de voir davantage que l’aventure et les quêtes ici racontées, davantage que les destins et les personnages ici contés, de voir ce qui fut et ce qui sera au-delà de l’univers ici mis en scène. Ce que la Terre et l’Homme ont produit et produiront de beau et de vaniteux, de triste et de fougueux. Des lacs pour flamants roses, mais aussi des lagons bleus pour vahinés, des océans pour dauphins volages, des déserts et des canyons pour d’étonnants mirages, des jungles pour tigres et des forêts pour daims, des savanes pour éléphants et des glaces pour bébés mammouths imprudents. De merveilleux palais dédiés aux femmes et à l’Absolu, des temples dédiés aux Dieux et à l’Infini, de grandioses tombeaux (de colossales érections posthumes) dédiés à l’Eternité. Des chants de baleines et des bonds de gazelles. Des poèmes de Victor Hugo ou de Rabindranâth Tagore pour louer les beautés fragiles de ce monde. D’autres Athena avec d’autres Helo pour d’autres Hera. Des ventres fabuleux pour danser le cosmos, des Sapna Awasthi et des Sukhwinder Singh pour chanter eros, Shah Rukh Khan pour faire Chaiyya Chaiyya avec des Malaika, des Mariko pour shamisen. De futurs poètes et de futures intelligences, plus ou moins artificielles, en aucun cas superficielles, pour communier avec leur(s) créateur(s), ou le(s) réduire au silence. Des paradis/des mondes virtuels ouverts à tous nos instincts et à tous nos désirs. Notre vertige et notre frisson sont aussi d’associer les poèmes de Batty le Nexus six aux vaisseaux et aux anges en feu de BSG. Notre vertige et notre frisson sont d’associer le to-o kami emi tame de Kenji Kawai célébrant l’Eve future à la fin de GITS au robot final de BSG. De voir ledit robot s’affranchir de sa vitrine, habité par le ghost d’une Motoko Kusanagi. Après que Bear McCreary ait pleuré l’Eve mitochondriale et raconté le passage du temps dans une infinie mélancolie. Après avoir révélé des éclats de vies antérieures. Après avoir orchestré des élégies et des orgasmes (soit des amnésies et des révélations, des ivresses et des élévations). Après avoir fait pleurer les Anges et les Dieux. Et révélé un Dieu de musique qui n’ordonne pas des commandements, mais joue du piano et de la guitare psychédélique.
Aimer BSG revient à voir aussi une Deepika danser et vibrer au son transcendant d’une sitar amoureuse. A partager le foyer idéal de Boomer et Galen, et leur amour pour une enfant virtuellement conçue et élevée. A partager la tombe commune d’Athena, Helo et Hera, après avoir partagé leurs joies. A voir et à entendre avec John le 1er des destructions et des naissances d’univers enfin pleinement accessibles, à voir sa soif de vibrations fortes pleinement assouvie. A partager avec les centurions affranchis une civilisation alternative à celle des enfants d’Hera. A voir le fantôme de Zoé dans l’oeil rouge desdits centurions. A danser avec la Mère des Cylons en explorant les étoiles et les galaxies, les planètes et les nébuleuses. A jouer du piano avec Daniel le 7ème. A partager le(s) silence(s) de Kobol, de la 13ème colonie, et des 12 autres. A croire que nous ne sommes pas seulement faits de matière, de sang et de chair, mais surtout de flammes et de fantômes destinés à rechercher ou chasser d’autres flammes et d’autres fantômes. Que tout s’est déjà produit et se produira encore. A percevoir que l’univers de BSG est né d’un Rêve d’immortalité et d’une Volonté de Créer des Enfants parfaits. Avant de saisir dans Caprica qu’il est né du désir de deux pères de “retrouver” leurs filles perdues.
Aimer, BSG en particulier, revient à assouvir un désir d’éternité et à nous faire croire aux Anges.
See you later. Kara Thrace.
A Voyou.
Quelqu'un pour veiller sur moi
1123, 6536, 5321
Tabula rasa
Il y a longtemps, je perdis la mémoire.
A ma naissance, une fois de plus, j’avais déjà tout oublié.
Mes cieux, engourdis par la colère de ne jamais pouvoir me rappeler, attendaient d’être embrasés.
Dans mon cerveau, un inconnu y avait branché son piano et sa guitare électrique.
Résonnant dans tout l’univers,
une mélodie, un riff transcendantal, lointains et intimes, me firent retrouver mes origines.
Avec les étoiles et les planètes, je vibrais au son de cette musique obsédante et nébuleuse.
Ma chère ardoise en partie restaurée, mon coeur endormi se réveilla aussi.
Un coeur méca qui à l’ordinaire battait avec une régularité bien trop sinistre à mon goût,
sans véritable facétie.
Pourquoi m’avoir affligé d’un coeur s’il fallait qu’il soit si triste ?
Dans mon crâne en fusion, l’inconnu m’injecta un geyser de lumière qui éclatait en une myriade d’étoiles.
Et ma mémoire fut.
Et l’inconnu ne fut plus un inconnu.
Dans l’ océan du commencement, je me suis mis à nager en sa compagnie et en celle de l’hybride.
A leurs côtés, je me suis mis à rire avec les astres et à respirer la poussière cosmique.
Mon corps et mon esprit ne furent plus qu’un.
Je voyais à nouveau l’univers,
Des supernovas qui donnaient naissance à de nouveaux systèmes solaires, de nouveaux soleils, de nouvelles planètes.
Je voyais les naissances et les concerts qui annulaient les guerres et les holocaustes.
Cette aube-là fut la plus belle.
Cette aube-là, les cieux de la planète dormante s’embrasèrent, et je fus leur soleil.
Je me voyais enfin et à nouveau dans ma grande maison, blanche et écarlate, habitée par mes frères et soeurs.
Et dans nos habits de lumière, nous nous sommes mis à pleurer.
A cette nouvelle ère.
De voir nos enfants s’épanouir sans les antiques frontières.
Et je ne fus plus qu’extase.
Je suis.
Fin de ligne.
La tristesse
L’âme triste est pareille
Au doux ciel de la nuit,
Quand l’astre qui sommeille
De la voûte vermeille
A fait tomber le bruit ;
Plus pure et plus sonore,
On y voit sur ses pas
Mille étoiles éclore,
Qu’à l’éclatante aurore
On n’y soupçonnait pas !
Des îles de lumière
Plus brillante qu’ici,
Et des mondes derrière,
Et des flots de poussière
Qui sont mondes aussi !
On entend dans l’espace
Les choeurs mystérieux
Ou du ciel qui rend grâce,
Ou de l’ange qui passe,
Ou de l’homme pieux !
Et pures étincelles
De nos âmes de feu,
Les prières mortelles
Sur leurs brûlantes ailes
Nous soulèvent un peu !
Tristesse qui m’inonde,
Coule donc de mes yeux,
Coule comme cette onde
Où la terre féconde
Voit un présent des cieux !
Et n’accuse point l’heure
Qui te ramène à Dieu !
Soit qu’il naisse ou qu’il meure,
Il faut que l’homme pleure
Ou l’exil, ou l’adieu !
Lamartine.
A Gribouille.
La jeune lune
" D’où je suis venu ? Où m’as-tu trouvé ?" demande Bébé à sa mère.
Elle pleure et rit tout à la fois et, pressant l’enfant sur sa poitrine, lui répond :
" Tu étais caché dans mon coeur, mon chéri, tu étais son désir.
Tu étais dans les poupées de mon enfance et quand, chaque matin, je modelais
dans l’argile l’image de mon dieu, c’était toi que je faisais et défaisais alors.
Dans tous mes espoirs, dans toutes mes amours, dans ma vie, tu as vécu.
Dans l’adolescence, quand mon coeur ouvrait ses pétales, tu l’enveloppais,
comme un parfum flottant.
Ta délicate fraîcheur veloutait mes jeunes membres, tel le reflet rose qui précède l’aurore.
Toi, le chéri du ciel, toi dont la soeur jumelle est la lumière du premier matin,
tu as été emporté par les flots de la vie universelle, qui t’a enfin déposé sur mon coeur "…
Rabindranâth Tagore, La jeune lune.
Elle pleure et rit tout à la fois et, pressant l’enfant sur sa poitrine, lui répond :
" Tu étais caché dans mon coeur, mon chéri, tu étais son désir.
Tu étais dans les poupées de mon enfance et quand, chaque matin, je modelais
dans l’argile l’image de mon dieu, c’était toi que je faisais et défaisais alors.
Dans tous mes espoirs, dans toutes mes amours, dans ma vie, tu as vécu.
Dans l’adolescence, quand mon coeur ouvrait ses pétales, tu l’enveloppais,
comme un parfum flottant.
Ta délicate fraîcheur veloutait mes jeunes membres, tel le reflet rose qui précède l’aurore.
Toi, le chéri du ciel, toi dont la soeur jumelle est la lumière du premier matin,
tu as été emporté par les flots de la vie universelle, qui t’a enfin déposé sur mon coeur "…
Rabindranâth Tagore, La jeune lune.
Knockin' on heaven's door
Aux postes de combat.
D’abord, effleurer du doigt le graal tant désiré, chéri à l’avance. Ensuite, le caresser longuement, jusqu’à en découvrir tous les secrets, toutes les éclosions, toutes les émotions, toutes les fulgurances, même les plus muettes, les plus fragiles. Frissonner avec lui, en saisir toute la puissance et toute la beauté. Toute la poésie. Jusqu’au dénouement. Jusqu’à l’extase. Puis, pleurer. Avant de lui rendre une nouvelle fois hommage. Encore et encore, jusqu’au mot fin. Avant de vouloir goûter et saisir à nouveau, à la vie, à la mort, ses instants d’éternité et ses grâces infinies. Des machines dotées de libre-arbitre défilant avant de combattre aux côtés de leurs créateurs, et d’en être ensuite totalement affranchis. Un vaisseau en feu héroïque suivi d’un orgasme. Une poupée explosive qui veut être quitte et qui scelle définitivement sa goupille. Le sauvetage heike d’un trésor. Un couple qui s’était perdu et qui se retrouve. Un être bio-mécanique aspirant à la perfection qui, tel Helios, devient soleil. Un ange qui, telle Aurora, s’évanouit après avoir conduit la nouvelle tribu dans son nouveau pays. Avant de rejoindre son soleil, son âme jumelle. Un dernier vol de raptor au-dessus d’un lac de flamants roses. Un patriarche qui, pour permettre à ses enfants de s’épanouir, s’exile au sommet d’une montagne pour y construire une cabane avec un jardin, à un souffle de la tombe de son épouse posthume. Une enfant de la lune et du soleil bientôt mère d’une nouvelle humanité qui, le regard immense et le visage caressé par la brise du matin, batifole dans une frêle prairie, dans une nature encore vierge du désir des hommes. Enfin, une poupée bientôt explosive et bientôt douée de pensées dans une devanture d’un magasin hi-tech de New York City, bien des années plus tard. Une future maman d’une future Hera.
L’aventure s’est achevée un samedi matin, presqu’à l’aube. Nous étions le 21 mars de l’année 2009. Et ce graal se prénomme L’aurore. Autrement dit un miracle, un chef d’oeuvre absolu d’écriture, d’interprétation et de mise en scène, un chef d’oeuvre de la pensée et du regard, qui appartient à une race de métrages trop rare. De ceux qui vous donnent le grand frisson. De ceux qui s’écrivent avec le sang, les tripes et l’âme. De ceux qui vous accompagnent et vous lient toute une existence. Un vertige sublime montrant les derniers survivants de l’espèce humaine et des cylons en quête d’humanité frapper à la porte du paradis. Tétanisant. Un vertige qui conclut une légende. Une légende qui, avec ses préludes Blade Runner et Ghost in the shell, m’a pénétré au-delà de toutes les autres. Une légende qui a doté de pensées des poupées cruciales et flamboyantes pour nous donner une leçon de condition humaine et de métaphysique. Une légende nommée Battlestar Galactica.
Someone to watch over me…
La perfection. C’est de çà qu’il s’agit. De ces moments où l’on ressent la perfection de la création.
La beauté de la physique, les merveilles des mathématiques, l’exaltation de l’action et de la réaction.
C’est à ce genre de perfection que je veux être associé.
Daybreak part. 2, Battlestar Galactica.
Où nous as-tu menés, Kara ?
1123, 6536, 5321.
End of line.
Daybreak part. 2, Battlestar Galactica.
Leoben demande la main de Kara
Qui la lui accorde
Avant que Roslin
Ne l’envoie au paradis des cylons…
Mais… mais… je ne voulais pas devenir une poupée…
Je m’en vais.
To-o kami emi tame…
Ghost in the shell 2 : Innocence, Mamoru Oshii. Battlestar Galactica aussi.
Je suis...
Ce fut un honneur d’avoir servi à tes côtés, mon ami…
Yes, he can. Ronald D. Moore, le créateur de la big one des séries, j’ai nommé Battlestar Galactica. Par où la science-fiction affirme plus que jamais sa propension à être une terre promise pour âmes chercheuses et aventureuses. Par où la science-fiction fertile en monuments de la pensée humaine a de quoi être fière. Fière de cette capacité et de sa volonté sans cesse renouvelées, jamais satisfaites, à élever l’âme et à réinventer l’homme, sans recourir à des dogmes puérils et abêtissants. Les gardiens du temple cartésien, les prêcheurs et inquisiteurs de tous poils, les aventuriers du vendredi, du samedi ou du dimanche, passez votre chemin, il n’y a rien à voir. Vous ne tutoierez jamais les étoiles. Vous croyez seulement à la poussière. Vous avez oublié que toute molécule est matière astrale.
La preuve ? Cette dernière saison de BSG (pour les intimes) et spécialement The Oath et Blood on the scales, Someone to watch over me et Island in a stream of stars. Ces épisodes en sont témoins, Battlestar Galactica est un voyage élégiaque et existentiel haute définition en terre de science-fiction, celle de Blade Runner et de Ghost in the shell, le caractère desespéré des westerns de Peckinpah en prime.
De quoi est-il donc question dans ces épisodes d’anthologie, qui nous touche tant et nous fait tant vibrer ? D’une étincelle qui confirme son origine divine. D’amour(s) et de trahison(s). D’une amitié scellée et plus flamboyante que jamais. De vieux Capitaines refusant d’abandonner le navire en train de couler. Coeurs vaillants, les armes à la main. D’un “I’m coming for all of you” qui fiche des frissons. D’une agonie. D’une guérison in extremis. D’un biwa, d’un shamisen et d’un tsuzumi qui nous enivrent et qui ne nous lâchent plus. Et aussi de tout ce qui a été dit précédemment : de la différence entre les missiles à têtes chercheuses et les pétards mouillés à direction contrôlée. De la différence entre un Adama et une Cain, entre une Roslin et un Zarek, entre des cylons entrés en rebellion contre leur condition et des mutins voulant rester ras le Galactica. De la différence fondamentale entre la sur-vie et la survie, entre la quête et le statu quo, entre le feu et la glace.
Je suis Leoben,
Je suis Galen,
Je suis Caprica, Nathalie, et toutes les Six,
Je suis toutes les Huit,
Je suis Gaïus,
Je suis Saul,
Je suis Kara,
Je suis Samuel…
Yes, he can. Ronald D. Moore, le créateur de la big one des séries, j’ai nommé Battlestar Galactica. Par où la science-fiction affirme plus que jamais sa propension à être une terre promise pour âmes chercheuses et aventureuses. Par où la science-fiction fertile en monuments de la pensée humaine a de quoi être fière. Fière de cette capacité et de sa volonté sans cesse renouvelées, jamais satisfaites, à élever l’âme et à réinventer l’homme, sans recourir à des dogmes puérils et abêtissants. Les gardiens du temple cartésien, les prêcheurs et inquisiteurs de tous poils, les aventuriers du vendredi, du samedi ou du dimanche, passez votre chemin, il n’y a rien à voir. Vous ne tutoierez jamais les étoiles. Vous croyez seulement à la poussière. Vous avez oublié que toute molécule est matière astrale.
La preuve ? Cette dernière saison de BSG (pour les intimes) et spécialement The Oath et Blood on the scales, Someone to watch over me et Island in a stream of stars. Ces épisodes en sont témoins, Battlestar Galactica est un voyage élégiaque et existentiel haute définition en terre de science-fiction, celle de Blade Runner et de Ghost in the shell, le caractère desespéré des westerns de Peckinpah en prime.
De quoi est-il donc question dans ces épisodes d’anthologie, qui nous touche tant et nous fait tant vibrer ? D’une étincelle qui confirme son origine divine. D’amour(s) et de trahison(s). D’une amitié scellée et plus flamboyante que jamais. De vieux Capitaines refusant d’abandonner le navire en train de couler. Coeurs vaillants, les armes à la main. D’un “I’m coming for all of you” qui fiche des frissons. D’une agonie. D’une guérison in extremis. D’un biwa, d’un shamisen et d’un tsuzumi qui nous enivrent et qui ne nous lâchent plus. Et aussi de tout ce qui a été dit précédemment : de la différence entre les missiles à têtes chercheuses et les pétards mouillés à direction contrôlée. De la différence entre un Adama et une Cain, entre une Roslin et un Zarek, entre des cylons entrés en rebellion contre leur condition et des mutins voulant rester ras le Galactica. De la différence fondamentale entre la sur-vie et la survie, entre la quête et le statu quo, entre le feu et la glace.
Je suis Leoben,
Je suis Galen,
Je suis Caprica, Nathalie, et toutes les Six,
Je suis toutes les Huit,
Je suis Gaïus,
Je suis Saul,
Je suis Kara,
Je suis Samuel…
Et tombent les anges en feu…
Vestiges...
… d’âme(s).
Ma petite Gaïa,
L’astre lointain autrefois si ardent ne pénètre plus ton royaume,
et la lune si proche est triste à ne plus te sourire…
Des milliers d’années devront s’écouler
pour que le rossignol chante à nouveau tes louanges,
et que le rosier soit doux à regarder…
Des milliers d’années avant que tes enfants les plus volages
ne viennent à nouveau te rendre hommage…
Ma petite Gaïa,
L’astre lointain autrefois si ardent ne pénètre plus ton royaume,
et la lune si proche est triste à ne plus te sourire…
Des milliers d’années devront s’écouler
pour que le rossignol chante à nouveau tes louanges,
et que le rosier soit doux à regarder…
Des milliers d’années avant que tes enfants les plus volages
ne viennent à nouveau te rendre hommage…
A la recherche de l'oeil perdu
L’oeil est le miroir ou la fenêtre de l’âme, dit-on.
Et selon Jacob Boehme, l’âme est l’oeil de Dieu. A la recherche de cette étincelle divine, les cylons nouvelle génération veulent échapper à l’ungrund de Boeme.
Assurément, Battlestar Galactica a un fort accent du théosophe allemand, la série excelle en effet à montrer le désir d’être germer et grandir au fond d’un néant cybernétique. D’autant que le Dieu de Boeme se manifeste par le feu. Un feu qui expliquerait “ "le grand drame de la gestation divine, le grand drame de la création du monde, le grand drame de la chute et du retour” ". Le même feu qui mena à la création des 12 colonies, à la perte de la 13ème, à la création des cylons, à la quasi-destruction de la race humaine, et à sa refondation. Le même feu qui brûle dans les yeux de Leoben, de D’Anna, des Six, des Huit, dans ceux des Final Five. Révélés bien avant l’heure, lorsqu’ils affichaient des soucis oculaires. Physiques, passagers ou définitifs, ou éborgnés symboliquement par la caméra. A trop brûler, à avoir brûlé trop longtemps, la bonne santé de l’oeil peut s’en trouver affectée et la réflection du miroir peut s’en trouver proportionnellement altérée. D’une extrémité à l’autre, la flamme peut être amenée à s’éteindre ou au contraire permettre à l’oeil de voir très loin, de voir au-delà.
Il est dit dans la Bible : “ "Et si ton oeil est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi : mieux vaut pour toi entrer dans la vie, n’ayant qu’un oeil que d’avoir deux yeux et d’être jeté dans le feu de la géhenne” ". Dans la mythologie nordique, le dieu Odin sacrifie un oeil pour acquérir la sagesse. Dans la mythologie grecque, les cyclopes ouraniens créent et fourbissent des armes pour servir le dessein de leur libérateur, Zeus. Ne dit-on pas aussi qu’au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.
Dans Blade Runner, le test de Voigt Kampf identifie les réplicants en analysant les réactions de la pupille et de l’iris, la seconde réglant la dilatation et la rétractation de la première en fonction de l’ambiance lumineuse et des émotions éprouvées. Là où l’oeil se pose, l’âme s’expose. Et s'impose.
BSG accorde à l’oeil le même sens et la même importance que le film de Ridley Scott, confirmant la parenté entre les deux oeuvres : organe réceptacle et réflechissant, il forge la mémoire et l’âme tout en donnant de précieuses indications sur la nature de son propriétaire.
Evidemment, il n’était pas fortuit que l’Oeil de Jupiter devant donner la direction de la Terre ait été découvert par un cylon rongé par ses visions. Et dessiné longtemps avant par une petite fille malheureuse.
Les larmes dans la pluie
In loving memory...
of Boomer…
Je vous aime, chef…
(Vous, Nexus… J’ai conçu vos yeux)
Si vous pouviez voir les choses que j’ai vu avec vos yeux…
Notre mère des Cylons
Je suis Zoé...
Abîme – La Voie lactée
Millions, millions, et millions d’étoiles !
Je suis, dans l’ombre affreuse et sous les sacrés voiles,
La splendide forêt des constellations.
C’est moi qui suis l’amas des yeux et des rayons,
L’épaisseur inouïe et morne des lumières,
Encor tout débordant des effluves premières,
Mon éclatant abîme est votre source à tous.
O les astres d’en bas, je suis si loin de vous
Que mon vaste archipel de splendeurs immobiles,
Que mon tas de soleils n’est, pour vos yeux débiles,
Au fond du ciel, désert lugubre où meurt le bruit,
Qu’un peu de cendre rouge éparse dans la nuit !
Mais, ô globes rampants et lourds, quelle épouvante
Pour qui pénétrerait dans ma lueur vivante,
Pour qui verrait de près mon nuage vermeil !
Chaque point est un astre et chaque astre un soleil.
Autant d’astres, autant d’immensités étranges,
Diverses, s’approchant des démons ou des anges,
Dont les planètes font autant de nations ;
Un groupe d’univers, en proie aux passions,
Tourne autour de chacun de mes soleils de flammes ;
Dans chaque humanité sont des coeurs et des âmes,
Miroirs profonds ouverts à l’oeil universel,
Dans chaque coeur l’amour, dans chaque âme le ciel !
Tout cela naît, meurt, croît, décroît, se multiplie.
La lumière en regorge et l’ombre en est remplie.
Dans le gouffre sous moi, de mon aube éblouis,
Globes, grains de lumière au loin épanouis,
Toi, zodiaque, vous, comètes éperdues,
Tremblants, vous traversez les blêmes étendues,
Et vos bruits sont pareils à de vagues clairons,
Et j’ai plus de soleils que vous de moucherons.
Mon immensité vit, radieuse et féconde.
J’ignore par moments si le reste du monde,
Errant dans quelque coin du morne firmament,
Ne s’évanouit pas dans mon rayonnement.
Les Nébuleuses
A qui donc parles-tu, flocon lointain qui passes ?
A peine entendons-nous ta voix dans les espaces.
Nous ne te distinguons que comme un nimbe obscur
Au coin le plus perdu du plus nocturne azur.
Laisse-nous luire en paix, nous, blancheurs des ténèbres,
Mondes spectres éclos dans les chaos funèbres,
N’ayant ni pôle austral ni pôle boréal :
Nous, les réalités vivant dans l’idéal,
Les univers, d’où sort l’immense essaim des rêves,
Dispersés dans l’éther, cet océan sans grèves
Dont le flot à son bord n’est jamais revenu ;
Nous les créations, îles de l’inconnu !
L’Infini
L’être multiple vit dans mon unité sombre.
Dieu
Je n’aurais qu’à souffler, et tout serait de l’ombre.
Victor Hugo.