Les androïdes ne rêvent pas seulement de moutons électriques
Ascenseur pour les étoiles
S’affranchir du père pour embrasser la vitesse de la lumière. Nous dit Blade Runner, via Batty qui, après un accès de colère l’ayant amené à tuer Tyrell (en lui retirant sa vision au préalable), s’offre dans un ascenseur un trip intersidéral. De voir en effet les étoiles défiler au-dessus de sa tête, on eut dit que le Nexus six se projetait en réalité dans un vaisseau hyper-spatial. Retrouvait sa poésie dans un flashback subliminal. Avant de redescendre sur terre et d’afficher une moue boudeuse. Les androïdes ne rêvent pas seulement de moutons éléctriques.
Je veux plus de vie, père.
A la recherche de rayons fabuleux
Montre-moi de quoi tu es fait.
A la question de savoir de quels rêves et de quelles visions, de quelles flammes et de quelles douleurs seront faits les androïdes de demain, Blade Runner répond aussi que les hommes n’en seront alors plus doués, ne seront plus que des zombies incapables de sur-vivre et d’hurler à la mort, de voir et d’éprouver le désir de voir des rayons. Il y a un peu de moi en vous : JF Sebastian est l’exception qui confirme cette noire vérité. Car il est le dernier des hommes, ses automates maladroits ont plus à dire que les pantins désarticulés et écervelés qui déambulent dans les rues saturées d’ondes contraires et de rayons négatifs. Où est-ce que tu vas ? Blade Runner nous répond nulle part. Sa beauté est néanmoins infinie, car des répliques visionnaires et parricides, seuls capables désormais de rechercher et de reconnaître des rayons fabuleux, viennent de sonner la relève.
Rêves de lucioles (électriques)…
Le fantôme dans la coquille
Je m’appelle Rachel…
Vous vous souvenez de l’araignée qui vivait dans les buissons, sous votre fenêtre ? Un corps orange, des pattes vertes, vous l’avez regardé faire sa toile tout l’été. Et un jour, vous y avez trouvé un gros oeuf. Et l’oeuf a éclos…
L’oeuf a éclos…
Et…
Des centaines de bébés araignées sont apparues. Ils l’ont mangé.
Ce sont des implants, ce ne sont pas vos souvenirs, ce sont des souvenirs de quelqu’un d’autre, ceux de la nièce de Tyrell.
Une nouvelle vie vous attend dans les colonies de l’espace.
Saisissez la chance de tout recommencer à zero au paradis de l’aventure…
K
Blade Runner
J’ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire, de grands navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion, j’ai vu des rayons fabuleux, des rayons C briller dans l’ombre de la porte de Tanahauser. Tous ces moments se perdront dans l’oubli comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir, c’est ainsi que, sous la pluie, Batty le Nexus six, après avoir sauvé la vie de Deckard le Blade runner, termine la sienne, surconscient d’avoir brillé davantage que le commun des mortels.
Tout commence par un regard qui renvoie au spectateur ébahi un décor grandiose, spectaculaire, le personnage principal et l’un des messages du film de Ridley Scott.
Dans Blade Runner, de gigantesques cheminées crachent du feu, des dirigeables porteurs de slogans publicitaires vantent l’aventure spatiale et coloniale en planant au-dessus des rues, d’immenses rétro-projecteurs animent les façades des immeubles, des pyramides ocres plantent le décor, des néons envahissent la ville plongée dans une nuit perpetuelle.
Dans Blade Runner, le décor se signale par ses fumées et ses fumerolles, par son aspect cosmopolite et hétéroclite (le futur se conjugue au passé, le moderne pousse sur l’ancien), par son animation bigarrée et extravagante, par ses hôtels miteux et ses immeubles déserts gagnés par la décrépitude et la pourriture.
Dans Blade Runner, des voitures étincelantes s’élèvent au-dessus des rues saturées pour cotoyer les gerbes de feu, pour slalomer entre les immeubles et atterrir sur leurs toits.
Dans Blade Runner, la ville est parasitée par un bruit continuel, obsédant et lancinant, des chants Heike bercent le sommeil de ses habitants, rythment le jeu de cache-cache entre Batty le loup et Deckard le chien.
Je croyais que t’étais le bon dans l’histoire, c’est pas toi le héros.
Dans Blade Runner, les véritables héros sont ces réplicants, décrits comme des sur-hommes, doués d’une très grande résistance et d’une force supérieure qui, en raison de leur durée de vie limitée, vivent et voient davantage que les humains (chaque fois qu’une lumière brûle deux fois plus, elle brûle deux fois moins longtemps), des êtres encore capables de rebellion.
Qu’est-ce qui vous pose problème ? demande Tyrell à Batty. La mort, répond le Nexus.
Dans Blade Runner, Deckard est poisson froid, celui qui ne sait pas ; Sebastian est celui qui crée ses amis ; Tyrell est pharaon, le père ; Zohra est la belle et la bête, la tueuse de l’espace, Miss Salomé la charmeuse de serpents électriques ; Léon est la brute ; Pris est l’objet de plaisir, la poupée au visage bariolé qui cabriole pour mieux tuer ; Batty est la tête pensante, le poète ; Rachel est l’objet de désir, le sujet expérimental, celle qui ne savait pas…
Oh, Seigneur…
Batô-san.
Sayonara Batô-san.
Ghost in the shell : Stand alone complex.
Où il est dit que d’une larme de Tachikoma, de Nexus ou de Skinjob, on peut voir le Ciel.
Batô-san.
Sayonara Batô-san.
Ghost in the shell : Stand alone complex.
Où il est dit que d’une larme de Tachikoma, de Nexus ou de Skinjob, on peut voir le Ciel.